Le dernier appel

Il te reste seulement quelques secondes à la vie. Le cancer te mange de l’intérieur, et tu ne peux rien faire, sauf attendre. Attendre de mourir. Attendre de souffir. Attendre de dormir.

save054En juin dernier, mon grand-père, Jean-Yves Gagné apprenait, après une chute à la maison, qu’il avait un cancer au cerveau. Le 21 juin, alors qu’il vacait à ses occupations, chez lui sur la rue Princesse à Lachute, il est tombé à terre, ressentant des chocs au cerveau. Comme une crise épileptique. Son assiette de souper s’est retrouvée au sol elle aussi. Incapable de bouger, ou de contrôler les spasmes au cerveau, il a tout de même tenté de prendre sa canne pour rapprocher le téléphone vers lui et composer le 9-1-1.

Quelques jours plus tard, il sortit de l’hôpital pour retourner à la maison avec des nouveaux médicaments. Ceux-ci permettent de contrôler les crises cervicales.

Il a passé l’été chez lui et semblait bien fonctionner.

save02Le 18 septembre, alors que je suis de passage à Mont-Laurier (Hé oui, je fais beaucoup de route chaque fois), je recevais un appel du grand-père, de nouveau à l’hôpital. Je l’avais vu quelques jours avant, et nous avions l’intention de faire des commissions ensemble. Ses jambes avaient enflées (à cause des nouveaux médicaments).

2Il ne pouvait plus vivre au deuxième. Je me suis alors proposé de déménager avec lui, pour veiller sur lui, et pour qu’il puisse avoir une autonomie le plus longtemps possible. Mais la vie en a décidé autrement. En octobre, il commençait à paralyser du côté droit, lui qui est droitier. Il a perdu les capacités de marcher également. Son autonomie en prenait un méchant coup. L’incontinence a pris le relais et ainsi de suite. Il n’était plus question pour lui d’être sans surveillance. Il avait besoin de d’assistance et de soin régulièrement.

save01En novembre, il était sur une liste d’attente pour entrer au CHSLD. Quelques semaines plus tard, il y était admis. La maladie continuait sa course, et se détériorait rapidement. Très rapidement. Tellement, que lorsqu’il parlait, il inventait des mots, des phrases pour communiquer. Il comprenait parfaitement ce que l’on disait, mais sa façon de communiquer devenait de plus en plus difficile. Comme les gens qui font un accident vasculaire cérébral (AVC).

En décembre, son côté gauche commençait aussi à paralyser. Ce qui l’empêchât alors de manger par lui même.

save041Au moment où j’écris le texte avant publication, nous sommes le 26 janvier 2014. J’y suis allé. Ça faisait un bout que je n’y avait pas été. Je trouvais ça difficile par moment de le voir ainsi. Il est dans un état comateux. Inconscient. Il respire rapidement et fort. Il râle de la gorge également. La morphine est augmentée afin de permette un confort au niveau du patient. Je sent que sa fin approche.

C’est notre grand-père adoptif. Depuis que j’ai 7 ans que je le connais. Il a été l’amoureux de ma grand-mère tout ce temps. Ma grand-mère est décédée le 13 décembre 2008. Il n’a aucun enfant. Aucune famille, à l’exception de quelques frères et soeurs, dont j’ignore l’existence. La maladie l’emporte tranquillement. Je poursuivrai ce texte, au moment où je recevrai le dernier appel de l’hôpital.

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Il est 15h08. Nous sommes le 28 janvier 2014. Je viens de recevoir le dernier appel. Il est maintenant libéré de son corps. À bientôt mon ami! On t’aime fort!! J’ai passé les cinq derniers mois à marcher avec toi en direction du chemin du paradis. Maintenant tu y es. J’ai eu des moments privilégiés, des discussions uniques. J’ai tout de même apprécié ce rapprochement. Ce rapprochement qui laissera un grand vide en moi pour les jours à venir. Bon voyage!

5 réflexions sur « Le dernier appel »

  1. Tellement touchant Sylvain, tu as une façon de t’exprimer qui nous fait embarquer dans ton émotion, mes sympathies et je me dis que ton grand-père adoptif n’aurait pu avoir une meilleure personne que toi dans son entourage

  2. Bonsoir Sylvain ,
    J’ai bien lu ton texte , tes paroles sont vraiment très sincères et elles m’ont touchées , j’ai moi mêmes vécut la situation il y a 1 ans avec mon père adoptif , par contre il n’a pas souffert car il est parti dans son sommeil , tout ça pour te dire qu’il faut profiter du moment présent et de passer le plus de temps possible au-près de ceux que l’on aime, mes sympathies les plus sincères à toi ainsi que tes proches.
    Bon courage cher ami !
    Serge xoxox

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